Catégorie : <span>Autres textes</span>

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Temps de lec­ture : 9 minutes

La cam­pagne était toute de neige autour du bourg de , et les cubes blancs des mai­sons pre­naient des teintes lai­teuses par­mi cette sur­na­tu­relle pureté.

Le ciel bom­bait au-des­sus, comme un grand bocal d’un bleu pâle et trans­lu­cide. Il y avait dans l’air une joie pai­sible comme si des anges venaient d’y passer.

Noel : L'enfant obéissant de BethléemÀ la véri­té, des anges l’a­vaient tra­ver­sé la nuit pré­cé­dente. Jésus étant né, cette nuit-là, dans une grotte des envi­rons, ils avaient chan­té, devant un groupe de ber­gers d’a­bord, au-des­sus de la grotte ensuite, un beau chœur à plu­sieurs voix dont le refrain est demeu­ré célèbre : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix aux hommes de bonne volonté. »

La nou­velle du miracle s’é­tait répan­due dans les mai­sons du bourg, et cir­cu­lait sous le man­teau, accueillie ici avec joie, là par des haus­se­ments d’épaules.

La fin de la classe du matin venait de lâcher les enfants dans les rues. Sur la pla­cette, autour de la fon­taine, beau­coup s’at­tar­daient à bavar­der, en petits groupes mys­té­rieux et ani­més. La glis­soire en pente lui­sait comme un marbre sombre, délaissée.

— Bien sûr que c’est vrai ! dit un gamin dont les yeux noirs étin­ce­laient d’en­thou­siasme. Le père de Lévi doit le savoir, je sup­pose, puis­qu’il y était !

— Mon père ne veut pas y croire, répli­qua sans convic­tion un enfant mieux vêtu que les autres. Mon père est savant. Il doit avoir ses rai­sons. Mais j’ai­me­rais mieux que ce soit vrai.

— Tiens ! inter­vint un troi­sième, pour­quoi ne serait-ce pas vrai ? Ils étaient huit à aller à la grotte cette nuit, et tous racontent la même chose. Ils ont vu un ange, je vous dis, ils ont enten­du le chant, ils ont vu l’En­fant et sa Mère.

— Mon père pré­tend que le Mes­sie sera un Roi, objec­ta un autre. Alors, cet enfant pauvre ?…

— Oui, mais ces anges ? Est-ce qu’ils viennent chan­ter autour de notre mai­son, quand nous rece­vons un petit frère ou une petite sœur ?

Auteur : Glantini, M. | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 13 minutes

Charité de Noël - Dans un couvent italienUn soir, dans les der­nières années du pon­ti­fi­cat de Pie IX, un vieux s’ap­pro­chait fur­ti­ve­ment de la porte d’un des nom­breux cou­vents de femmes qui s’é­le­vaient alors dans le dédale d’obs­cures ruelles s’en­che­vê­trant entre le Cam­po dei Fio­ri, où fut brû­lé Gior­da­no Bru­no, et la vaste place Navo­na, aimée du soleil.

C’é­tait la veille de , et dans les innom­brables églises et cha­pelles de on met­tait la der­nière main aux pré­pa­ra­tifs qui pré­cèdent la solen­ni­té de la messe de minuit.

Le vieillard cogna à plu­sieurs reprises avec le poing contre la porte de fer et recu­la aus­si­tôt comme effrayé de sa har­diesse… Il vou­lait déjà même se reti­rer, lorsque la lourde porte rou­la pesam­ment sur ses gonds et il péné­tra dans un étroit cou­loir avec une porte en face, her­mé­ti­que­ment fer­mée, qui condui­sait au par­loir, et une autre de côté, munie d’un vasis­tas, ouvrant sur la cour du .

Déjà le regard cour­rou­cé de la tou­rière lui­sait der­rière le treillis du vasis­tas. Ayant aper­çu le vieillard, la ten­dit en avant ses deux mains d’un geste qui repous­sait et cria :

– Encore vous ?… Allez-vous en, allez-vous en !.. Vous osez venir nous trou­bler pen­dant la sainte nuit de Noël ?… Reti­rez-vous de bonne grâce, Nathan…

– J’ai à par­ler à la Mère Supé­rieure… Il faut que je la voie, dit le juif avec insis­tance… Je suis venu exprès pour cela ce soir… c’est ce soir que je dois la voir… J’ai atten­du cette nuit comme la manne du ciel… Elle ne peut pas me ren­voyer ce soir. Bonne sœur Lodo­vi­ca, ayez pitié d’un pauvre vieillard…

Il tom­ba à genoux et sanglota…

Histoire pour les enfants à NoëlMais la tou­rière fer­ma le vasis­tas et der­rière la porte cria :

– Par­tez, par­tez !… Ce soir à plus forte rai­son la Mère Agnès refu­se­ra de vous rece­voir… Vous enten­dez ?… Vous voyez qu’elle est occu­pée… elle répète le chant avec les sœurs… elle se pré­pare pour la messe.

En effet, un chœur har­mo­nieux mon­tait de la cha­pelle. Nathan écou­ta avi­de­ment… Tout à coup ses yeux brillèrent de joie.

Réso­lu­ment il frap­pa au vasistas :

– Sœur tou­rière… je ne par­ti­rai pas d’i­ci sans avoir vu la Mère Supé­rieure… C’est Don Pao­lo qui m’a envoyé… Dites à la Mère Supé­rieure que je lui apporte un mes­sage de Don Paolo.

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Temps de lec­ture : 5 minutes

Conte de Noël : comment préparer son coeurUn soir de , un vieux se repo­sa dans son petit maga­sin en lisant : « La visite des hommes sages à l’En­fant Jésus. » À la lec­ture des cadeaux que les ber­gers et les rois mages appor­tèrent à la crèche, il se dit : « Si demain était le pre­mier Noël, et si Jésus devait être né ce soir dans cette ville, je sais ce que je lui donnerais ! »

Il se leva et prit d’une éta­gère deux petites chaus­sures en cuir neige-blanc le plus mou, avec des boucles argen­tées lumi­neuses qu’il venait de finir : « Je lui don­ne­rais cela, mon tra­vail le plus fin. Que sa mère sera heu­reuse ! Mais je suis un vieil homme idiot, pen­sa-t-il avec un sou­rire. Le Maître n’a aucun besoin de mes pauvres cadeaux. »

Remet­tant les mignonnes chaus­sures à leur place, il souf­fla la bou­gie, et alla se repo­ser. Il fer­ma ses yeux, quand il enten­dit une voix qui appe­lait son nom. « Mar­tin ! » Intui­ti­ve­ment, il recon­nut cette voix. « Mar­tin, tu as envie de Me voir. Demain je pas­se­rai devant ta fenêtre. Si tu me vois, offre-moi ton hos­pi­ta­li­té : je serai ton invi­té et m’as­sié­rai à ta table. »

Auteur : Bourgine, Édouard | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 13 minutes

( normand)

À l’as­sem­blée de Rati­mes­nil qui se tenait dans sa vaste cour, le caba­re­tier Heur­taux, debout dans une car­riole fixée entre deux troncs de pom­miers, fai­sait dan­ser la « jeu­nesse » aux sons de son crin­crin. Il bat­tait lui-même de tels entre­chats que, mal­adroi­te­ment, il se fou­la le pied.

Dévotion aux saints populairesDès lors, il pas­sa le plus clair de son temps à jouer aux domi­nos avec quelques vieux du pays. Venait se joindre à eux, dans la soi­rée, le fils Farin César, que le père Heur­taux avait pris en ami­tié et appe­lait fami­liè­re­ment « son bezeau ». Ce jeune cam­pa­gnard n’é­tait pas fâché de pou­voir ain­si « cau­ser un brin » à la belle Léo­nie, la fille de la maison […].

Cette Léo­nie, si fié­rote et si froide en appa­rence, aspi­rait de toute son âme au mariage, mais Farin n’i­gno­rait pas que le père s’y oppo­se­rait tant qu’il ne serait pas plus valide. On avait trop besoin d’elle au cabaret.

Heur­taux, sur les conseils réité­rés de ses clients, s’en fut consul­ter un rebou­teux du vil­lage, qui « tra­vailla » son entorse durant neuf jours, ajou­tant chaque matin à ses mas­sages vigou­reux, d’in­co­hé­rentes invocations […].

En fin de compte, en plus de son entorse, le caba­re­tier eut des rhu­ma­tismes aigus qui l’o­bli­gèrent à s’aliter.

« Tu veyes ben, lui dit alors sa femme, que tan rebou­teux est un fei­gnant ; quand j’te répète qu’il n’peut point t’guéri !

Heur­taux répondait :

— Tais-té, la mé. T’é­luges point si vite. Espère un p’tieu. Mé j’m’en rap­porte à li ; i n’a sau­vé bé d’autres.

— Eh ben, mé, j’au­rais pu d’con­fiance dans les Bons Saints.

Sur la place de l’é­glise, le dimanche, les com­mères, leur parois­sien à fer­moir à la main, fai­saient cercle autour de la mère Heurtaux :

« Pour­qui qu’­vos condui­sez point vot’­homme à la Mare Saint-Fir­min, disait l’une ; faites‑y « tou­cher » l’saint qu’est raide bon pour enle­ver l’mâ, qu’a du « pou­voir » pour les douleurs !

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Temps de lec­ture : 4 minutes

de Padoue était com­pa­gnon de saint Fran­çois d’As­sise. Il allait comme lui par les che­mins, prê­chant aux hommes la bon­té de Dieu et les invi­tant à être bons comme Lui. Mais les hommes ne l’é­cou­taient guère.

Saint Antoine lutte contre les vices

Le saint leur disait :

« Ne soyez pas gourmands ! »

Mais eux conti­nuaient à se rendre malades à force de trop manger.

« Ne soyez pas paresseux ! »

Mais les hommes pré­fé­raient dor­mir ou bavar­der plu­tôt que de travailler.

« Soyez cha­ri­tables. Don­nez aux pauvres ! »

Mais les hommes pré­fé­raient tout gar­der pour eux-mêmes, en égoïstes.

Et saint Antoine deve­nait très triste.

Il s’ap­pro­cha un jour de la mer, à l’embouchure d’un fleuve, et, sur un banc de sable, entre le fleuve et la mer, il se mit à par­ler aux poissons :

« Écou­tez la parole de Dieu, pois­sons de la mer et vous, pois­sons du fleuve, puisque les hommes méchants ne veulent pas l’entendre. »

Vie de Saint Antoine pour les enfants du Caté

Alors on vit accou­rir des extré­mi­tés du monde tous les pois­sons des mers, des océans et des fleuves, venus pour écou­ter saint Antoine.