Histoires pour Noël

Les meilleurs récits de Noël

Ayant pour thèmes : Avent, Crèche, San­ton, Noël.

Le Salut des Bêtes

Le Salut des Bêtes
La vieille Sépho­ra habi­tait le vil­lage de Beth­léem. Elle vivait d’un trou­peau de chèvres et d’un petit champ plan­té de figuiers. Jeune, elle avait été ser­vante chez un prêtre, en sorte qu’elle était plus ins­truite des choses reli­gieuses que ne le sont d’or­di­naire les per­sonnes de sa condi­tion. Reve­nue au vil­lage, mariée, plu­sieurs fois mère, elle avait per­du son mari et ses enfants. Et alors, tout en res­tant secou­rable aux hommes selon ses moyens, le meilleur de sa ten­dresse s’é­tait repor­té sur les bêtes. Elle appri­voi­sait des oiseaux et des sou­ris ; elle recueillait les chiens aban­don­nés et les chats en détresse ; et sa petite mai­son était pleine de tous ces humbles amis. Elle ché­ris­sait les ani­maux, non seule­ment parce qu’ils sont inno­cents, parce qu’ils donnent leur cœur à qui les aime et parce que leur bonne foi est incom­pa­rable, mais encore parce qu’un grand besoin de jus­tice était en elle. Elle ne com­pre­nait pas que ceux-là souffrent qui ne peuvent être méchants ni vio­ler une règle …
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La dernière visiteuse

La dernière visiteuse
C’était à Beth­léem à la pointe du jour. L’étoile venait de dis­pa­raître, le der­nier pèle­rin avait quit­té l’étable, la Vierge avait bor­dé la paille, l’Enfant allait dor­mir enfin. Mais dort-on la nuit de Noël ?… Dou­ce­ment la porte s’ouvrit, pous­sée, eût-on dit, par un souffle plus que par une main, et une femme parut sur le seuil, cou­verte de haillons, si vieille et si ridée que, dans son visage cou­leur de terre, sa bouche sem­blait n’être qu’une ride de plus. En la voyant, Marie prit peur, comme si ç’avait été quelque mau­vaise fée qui entrait. Heu­reu­se­ment Jésus dor­mait ! L’âne et le bœuf mâchaient pai­si­ble­ment leur paille et regar­daient s’avancer l’étrangère sans mar­quer plus d’étonnement que s’ils la connais­saient depuis tou­jours. La Vierge, elle, ne la quit­tait pas des yeux. Cha­cun des pas qu’elle fai­sait lui sem­blait long comme des siècles. La vieille conti­nuait d’avancer, et voi­ci main­te­nant qu’elle était au bord de la crèche. Grâce à Dieu, Jésus dor­mait tou­jours. Mais dort-on la nuit de Noël ?… Sou­dain, il …
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La crèche de Nina

La crèche de Nina
Elles s’en vont, Ninon, Ninette, Nina, jupette rouge et bon­net pareil, six petits sabots cla­quant sur la terre gelée. « Vite, vite, les sœu­rettes, car le jour baisse, dit Ninette, la plus sage. – Vite, vite, répond Ninon, la plus ardente, car un grand tra­vail nous attend. – Vite, vite, mur­mure Nina, la plus douce, car Mère a dit qu’on ne s’attarde pas. » Et les six petits sabots mar­tèlent en chœur : « Vite, vite, vite, vite, les petites sœurs. » Mais que c’est donc lourd, tout ce qu’elles portent, les sœu­rettes !… Et encom­brant, donc !… Elles en ont plein les poches, et plein le giron, dans les mains, dans les bras et jusque sous le men­ton… Il y a du gui, de la mousse, du houx, du lierre, de la paille, du foin et du sapin… À peine voit-on, dans toute cette ver­dure, trois fri­mousses rondes et rouges comme des pommes d’api, éclai­rées de blanches que­nottes et de petits yeux de sou­ris… « Elle sera belle, notre crèche… – Et grande, donc… avec un …
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Degemer, le chien du mage Balthazar

Degemer, le chien du mage Balthazar
La rumeur s’est répan­due aux quatre coins du monde. Et là, je suis intri­gué par mon maître que je trouve de plus en plus agi­té. En fait, il n’y tient plus depuis qu’il a repé­ré cette étoile nou­velle, plus grande et plus brillante que les autres. Et le voi­là tout impa­tient de prendre la route pour, d’abord, rejoindre Mel­chior et Gas­pard. Les mages ! Oui mon maître est mage. Je pour­rais dire aus­si que c’est un grand sage même si dans l’immédiat, je le trouve bizarre. Il me parle d’un nou­­veau-né qui est fils de Dieu, qu’il va le rejoindre, gui­dé par l’étoile du ber­ger et qu’il lui offri­ra ce qu’il a de plus pré­cieux : de la myrrhe. Un nom du pays bre­ton C’est très confus pour moi tout cela. Là, je l’entends pro­je­ter d’aller jusqu’à l’enfant né… mais sans moi ! Pour­tant, Bal­tha­zar, je ne le lâche jamais, je le suis par­tout, je l’écoute et com­pa­tis quand il faut. Je le dis­trais de mes sauts, …
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Une crèche à la page

Une crèche à la page
Qu’en penses-tu, Michel ? – Qu’en dis-tu, Nico­las ? – Parle aus­si, toi, Luc… » Par­ler ?… Sou­vent, la chose est aisée aux trois gar­çons. Aujourd’­hui, elle leur semble ter­ri­ble­ment dif­fi­cile : ils vou­draient expri­mer des choses… des choses qui ne sont pas faciles à dire. Alors, ils se taisent ; ils réflé­chissent et concluent seule­ment : « Il faut que ça finisse ! » *** De mémoire d’homme, il y eût des frot­te­ments durs entre les Têtem­­bois-de-la-ville et les Têtem­­bois-de-la-terre. Ceux de la ville écla­bous­saient les cou­sins pay­sans de leurs toi­lettes et de leur argent, de leur fin par­ler, de leur confort et de leur mépris pour cette allure de rus­tauds endi­man­chés qu’ils pro­me­naient sur les trot­toirs de la ville, les jours de mar­ché. Ceux de la terre se moquaient un brin des cou­sins cita­dins qui ne dis­tin­guaient pas une poule d’un coq, et pour un peu de boue pous­saient des cris de pin­tade effa­rou­chée ; sur­tout, ils ne leur par­don­naient pas de comp­ter pour abê­tis­sant leur rude labeur, et de les tenir pour rustres, parce qu’ils …
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Noël au pays

Noël au pays
On est à la Noël. Par­tout dans la cam­pagne, sur la vaste éten­due, les longues routes blanches sont constel­lées. Entre leur bor­dure verte de sapins, — ces bouées fleu­ries, guides du voya­geur dans la plaine immense et nive­lée par l’hiver, — on les voit cou­rir et se croi­ser à tra­vers les champs combles. Et c’est comme une pro­ces­sion, ce long cor­tège de traî­neaux venant de toutes parts, s’acheminant tous vers l’église du vil­lage. La rosse qui les tire, indif­fé­rente au froid comme à la gra­vi­té de l’heure, trotte sans hâte, d’un pas égal et ryth­mé. De ses naseaux l’haleine s’échappe en fumée lumi­neuse ; mais cette res­sem­blance loin­taine avec les cour­siers olym­piens, dont les narines flam­boyantes lancent des éclairs, en est une bien trom­peuse cepen­dant, car, voyez la pauvre bête — par exemple la der­nière là-bas, avec cette lourde charge — les ardeurs guer­rières sont depuis long­temps mortes en sa vieille char­pente. D’un conten­te­ment égal elle porte au mar­ché les poches pleines, ou, comme en ce moment, la famille à la messe de …
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À la découverte de la liturgie : Prologue

À la découverte de la liturgie : Prologue
Cha­pitre I Clac ! Clac ! Les gros sabots de père Pierre et les petits sabots de Colette font une musique d’ensemble sur la route gelée. Les deux amis (car Colette aime beau­coup le père Pierre et le père Pierre aime beau­coup Colette), les deux amis luttent silen­cieu­se­ment contre l’âpre bise du vent d’est. Le cha­peau rabat­tu sur les yeux, le cache-nez tor­du autour du cou, le fer­mier marche sans hâte, de cette allure régu­lière et pai­sible du « ter­rien ». Colette, enfouie dans un grand man­teau, la tête ser­rée par le capu­chon, trotte à son habi­tude, sans sou­ci de l’heure tar­dive ni de l’ombre que perce à peine la lueur de la lan­terne por­tée par son com­pa­gnon. Devant la grille du jar­din, qu’on devine à tra­vers la brume gla­cée de cette soi­rée de novembre, on s’arrête. — Bon­soir, père Pierre, à demain et mer­ci. — Bon­soir ma petite demoi­selle. Demain, y se pour­rait ben que ça glisse ! Fau­dra faire atten­tion à ne pas cou­rir sans y regar­der ! Déjà, de son pas posé, le …
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Un enfant Jésus inédit !

Un enfant Jésus inédit !
La cha­ri­té Dis, maman… il ne sera pas en retard le train ? » Pour la dixième fois depuis une heure Gil­berte pose la même ques­tion à sa maman ! « Je l’es­père, ma ché­rie », répond Mme Del­vart éga­le­ment pour la dixième fois… Jacques, le frère cadet, se montre moins patient ! Et lorsque sa sœur reprend pour la onzième fois son refrain, il lui répond, sans se sou­cier du res­pect dû au droit d’aînesse : « Non, il sera en avance ! — Toi, je ne te demande rien, répond la fillette vexée. — Tu nous casses les oreilles avec tes ques­tions idiotes, reprend Jacques en haus­sant les épaules d’un air dédai­gneux. — Allons, cal­­mez-vous mes enfants, inter­rompt Mme Del­vart qui sent que le dia­logue va se ter­mi­ner en bagarre ! Croyez-vous que l’oncle Hen­ri sera content de vous trou­ver en train de vous dis­pu­ter ? » L’oncle Hen­ri est en effet le voya­geur que l’on attend avec une telle impa­tience ! Frère de Mme Del­vart, il est par­ti depuis huit ans comme mis­sion­naire au Gabon, quelques jours à peine après la …
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Entre le bœuf et l’âne gris

Entre le bœuf et l’âne gris
Par­mi les fêtes chré­tiennes, Noël avait toutes les pré­fé­rences de saint Fran­çois (il n’est pas le seul) ! Ce jour, qui nous a don­né le Sau­veur, ne pou­vait à ses yeux appor­ter assez de joie aux créa­tures, même à leur corps, ce « Frère Âne » qu’il trai­tait si mal d’or­di­naire. Une année que Noël tom­bait un ven­dre­di, les frères déli­bé­raient pour savoir si l’on ferait maigre ce jour-là. Fran­çois pro­teste : « Ne par­lez pas de ven­dre­di ni de maigre un jour pareil, le jour où l’En­fant-Dieu est né. Je vou­drais qu’en ce jour les murs mêmes puissent man­ger de la viande, ou du moins qu’on les frotte de graisse puis­qu’ils ne peuvent man­ger ». Il deman­dait aux riches de réga­ler les pauvres en l’hon­neur de la fête et de don­ner aux bœufs et aux ânes, com­pa­gnons de Jésus dans l’é­table, double ration d’a­voine et de foin. — « Si je connais­sais l’Em­pe­reur, disait-il encore, je le sup­plie­rais de faire une loi ordon­nant de semer du grain …
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Les rois mages

Les rois mages
À la ren­contre des Rois. – La crèche. – C’est demain la fête des Rois Si vous vou­lez les voir arri­ver, allez vite à leur ren­contre, enfants, et por­­tez-leur quelques pré­sents. Voi­là, de notre temps, ce que disaient les mères, la veille du jour des Rois. Et en avant toute la mar­maille, les enfants du vil­lage ; nous par­tions enthou­siastes à la ren­contre des rois Mages, qui venaient à Maillane, avec leurs pages, leurs cha­meaux et toute leur suite, pour ado­rer l’En­fant Jésus. – Où allez-vous, enfants ? – Nous allons au-devant des Rois ! Et ain­si , tous ensemble, mioches ébou­rif­fés et petites blon­di­nettes, avec nos calottes et nos petits sabots, nous filions sur le che­min d’Arles, le cœur tres­saillant de joie, les yeux rem­plis de visions. Et nous por­tions à la main, comme on nous l’a­vait recom­man­dé, des fouaces pour les Rois, des figues sèches pour les pages et du foin pour les cha­meaux. Jours crois­sants, Jours cui­sants. C’é­tait au com­men­ce­ment de jan­vier et la bise souf­flait : c’est vous dire qu’il fai­sait froid. …
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Le beau travail du santonnier

Le beau travail du santonnier
Dans la clar­té de la lampe, près de la porte ouverte aux par­fums du soir, maître Ambroise fume son calu­miau, sa courte pipe de terre. Sa grande barbe, ses abon­dants che­veux gris sous le large feutre lui donnent l’air d’un ber­ger de la mon­tagne. Ses petits yeux bleus étin­cellent de vie. Mère-grand. — Eh ! bon­soir, maître Ambroise, ces pichoun viennent voir vos San­tons. Maitre Ambroise. — Té, voi­sine, c’est le moment. Avec les grands jours, on va les lais­ser dor­mir dans l’ar­moire. Ce soir, on y tra­vaille encore, mes filles sur­tout qui ont des doigts de fée car mes vieilles mains deviennent mal­adroites. Chan­tal. — Nous aime­rions tant savoir com­ment vous fabri­quez ces char­mants petits per­son­nages si pleins de vie. Maitre Ambroise. — Ah ! pichot, c’est tout un art, voyez-vous. Il n’y a plus beau­coup de san­ton­niers aujourd’­hui, des vrais j’en­tends. Il s’en trouve bien encore qui vous font des petits bons­hommes de terre cuite, bar­bouillés de rouge, de jaune, de bleu. Mais on ne peut pas appe­ler ça des San­tons ! Eh ! péchère, ça …
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Jésus, le petit frère

Jésus, le petit frère
Un bébé était arri­vé pen­dant la nuit chez les voi­sins Dupré. Le matin, il était là, tout sim­ple­ment cou­ché dans le ber­ceau. Il avait un mignon petit nez et des doigts si minus­cules qu’il pou­vait en por­ter plu­sieurs à la fois à la bouche. Le bébé dor­mait et ne s’oc­cu­pait nul­le­ment des gens qui l’en­tou­raient. Ce n’é­tait au fond pas bien poli ; et, les six enfants Dupré avaient l’air bien déçus. Ils auraient tant vou­lu saluer leur petit frère. Papa leur expli­qua qu’il ne fal­lait pas prendre cela comme une offense, que le petit enfant, ayant eu un long che­min à par­cou­rir pour leur arri­ver, était fati­gué, et que main­te­nant il vou­lait dor­mir. Cha­cun fut satis­fait de cette expli­ca­tion ; même, les enfants se mirent à par­ler tout bas pour ne pas empê­cher le nou­veau frère de dor­mir. Quand la nurse arri­va et com­man­da à toute la petite com­pa­gnie de sor­tir, elle obéit sage­ment et se reti­ra aus­si­tôt, dans la chambre de famille, où, naturellement, …
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Le plus beau cadeau

Le plus beau cadeau
Jean-Pierre, le fils du doc­teur, s’é­tait réjoui depuis long­temps pour la ren­trée des classes après les vacances de Noël. Il aimait pour­tant bien les vacances, sur­tout en hiver, quand il y a de la neige et qu’on peut faire du ski ou aller en luge. Ce pre­mier jour de classe avait son impor­tance, car chaque pre­mier com­mu­niant devait tirer au sort son com­pa­gnon de pre­mière com­mu­nion. Jean-Pierre, à ce sujet, a un désir secret : « Si seule­ment le sort tombe sur Albert Clé­ment. C’est le fils d’un riche fabri­cant, il a de si beaux jouets. Nous irions très bien ensemble : moi, le fils du doc­teur, et Albert, tou­jours si bien habillé ». * * * Le Bon Dieu connais­sait ce désir secret, puis­qu’il sait tout ! Et pour­tant — il ne l’a pas exau­cé, car ce désir n’é­tait pas tout à fait bon. Ain­si, quand on eut fini de tirer au sort, ce n’é­tait pas Albert qui se trou­vait à côté de Jean-Pierre, mais le petit Charles, le plus pauvre …
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Le petit chat…

Le petit chat...
L’Espérance Avant-hier, un jeune scout est venu à la crèche de Sainte-Odile, avec sa mère, au sor­tir de la classe. L’é­glise est presque déserte… L’en­fant arrive le pre­mier, regarde, et, subi­te­ment, sur la pointe des pieds, retourne vers sa maman : « Vite… Viens voir ! » Et la maman aper­çoit ceci : un amour de petit chat, tout pelo­ton­né sur lui-même, dort dans la paille, sa tête appuyée sur celle de l’Enfant-Jésus ! Il dort d’un som­meil pro­fond, confiant, comme s’il avait trou­vé le havre suprême de la paix ! La scène est si char­mante que le scout et sa mère res­tent là, silen­cieux, dans une sorte de contem­pla­tion… Puis le vicaire arrive… et quelques autres per­sonnes. On leur fait signe de mar­cher dou­ce­ment… très dou­ce­ment… pour – c’est le cas de le dire – ne pas réveiller le chat qui dort ! Il n’est pas gras, le pauvre matou ! C’est pro­ba­ble­ment un de ces mal­heu­reux qu’on vient jeter sur le ter­rain vague de la zone et qui meurent sou­vent de faim, de froid …
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Un vol à la crèche

Un vol à la crèche
L’envie Le long de la grande allée, bor­dée d’eu­ca­lyp­tus, s’a­vance un gamin aux yeux ronds et vifs, aux che­veux lai­neux et fri­sés… C’est Yosé­fou, un gra­cieux négrillon que sa démarche ner­veuse et sac­ca­dée a fait sur­nom­mer Gui­gué, ce qui veut dire, dans la langue de sa tri­bu : la sau­te­relle. À l’autre bout de l’al­lée appa­raît une forme blanche, c’est Sœur Claire. Pour se garan­tir contre les ardeurs d’un soleil impla­cable elle porte sur son voile un grand casque dou­blé de vert. « Où vas-tu, Yosé­fou ? » demande-t-elle à la Sau­te­relle. « Je vais à l’é­glise saluer Mwa­­na-Jésus », le Petit Jésus, répond la Sau­te­relle. « Très bien, dit Sœur Claire ; salue-le aus­si de ma part ! » Arri­vé à l’é­glise le jeune négrillon se pros­terne devant le taber­nacle puis, d’un brusque mou­ve­ment de jar­ret, se redresse comme s’il avait des res­sorts dans les jambes. C’est la génu­flexion habi­tuelle de la Sau­te­relle ! Aus­si­tôt après, il se dirige vers la crèche. Le voi­ci en face de Mwa­­na-Jésus ! Ses yeux ronds et blancs brillent de …
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Un soir de Noël : Moncada, en Espagne 1392

Un soir de Noël  : Moncada, en Espagne 1392
C’é­tait le soir de Noël. L’hor­loge du clo­cher venait de son­ner 23 heures. Peu après, les cloches appe­laient les fidèles. Le vent froid de la nuit ren­voyait la joyeuse invi­ta­tion à la messe, minuit à tra­vers les ruelles du vil­lage de Mon­ca­da, par-delà les rizières et les oran­ge­raies au loin jus­qu’à la ville de Valences. Quit­tant, les riches, leurs châ­teaux et les pauvres, leurs chau­mières, ces Espa­gnols habi­tués au soleil sous la bise gla­cée se mire en route. Rien au monde n’au­rait pu les chas­ser de leurs logis douillets ; mais par amour de l’En­fant-Jésus, ils mar­chaient sans hési­ta­tion, fris­son­nants dans le noir. Même de petits enfants, force de volon­té, bien emmi­tou­flés dans leurs lai­nages, mar­chaient un peu som­no­lents, mais avec d’au­tant plus de mérite côté des parents, vers l’église. Voi­ci déjà que dans le pre­mier banc s’a­ge­nouillait une jolie petite pay­sanne de cinq ans, avec sa maman. Toute ani­mée du désir d’ad­mi­rer l’En­fant-Jésus avec Marie, Joseph, les anges, crèche, les bergers, …
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La bûche de Noël

La bûche de Noël
En ce temps-là, la France s’appelait la Gaule, et la Gaule était cou­verte de forêts. Et il y avait, au plus pro­fond de la grande forêt, un bûche­ron qui vivait tout seul dans une hutte. Il s’ap­pe­lait Car­nu­to­rix. Il aimait les grands arbres de la forêt. Il les connais­sait, et don­nait des noms aux plus beaux. Lorsqu’il en abat­tait un, cela lui fai­sait beau­coup de peine. Et pour­tant, il fal­lait bien puisque c’était son métier… Près de sa hutte, se trou­vait un vieux chêne tout tor­du, au tronc énorme. Il y avait des touffes de gui dans les branches. C’est rare, le gui du chêne. Tous les ans, les druides venaient le cou­per avec une fau­cille d’or, et ils offraient des sacri­fices au génie du ton­nerre. Car­nu­to­rix avait un peu peur des druides au mys­té­rieux pou­voir : quand il les voyait venir, il se cachait. C’était une sorte de sau­vage. Car­nu­to­rix avait une sorte de cou­teau tran­chant qu’un guer­rier avait per­du en tra­ver­sant la forêt. Il …
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La pastorale de Galagu

La pastorale de Galagu
Dans une mai­son, vieille mai­son offerte à tous les vents, res­tait il y a bien long­temps une vieille, vieille femme qu’on appe­lait la mamet Jau­mette. La vie n’a­vait guère épar­gné la vieille, et elle n’a­vait plus de famille qu’un petit-fils. Et encore : l’en­fant qui s’ap­pe­lait Oli­vier était si petit, si maigre, si pâle, que le voyant cha­cun rete­nait sa res­pi­ra­tion de crainte de le voir s’af­fais­ser comme un châ­teau de cartes. La vieille avait en charge la ber­ge­rie du châ­teau de la Baume qui se trou­vait tout à côté de la mai­son, vieille mai­son offerte à tous les vents. Un jour un méde­cin pas­sant par là, vit l’en­fant si petit, si maigre, si pâle. Il dit à la vieille femme qu’elle devrait mieux le conduire à l’hô­pi­tal. Au regard qu’é­chan­gèrent la mamet Jau­mette et son petit-fils, il sut que rien ne pour­rait sépa­rer ces deux-là. Alors il pro­po­sa à la vieille de faire cou­cher l’en­fant dans la ber­ge­rie, et non dans la …
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Le vieux cordonnier

Le vieux cordonnier
Un soir de noël, un vieux cor­don­nier se repo­sa dans son petit maga­sin en lisant : « La visite des hommes sages à l’Enfant Jésus. » À la lec­ture des cadeaux que les ber­gers et les rois mages appor­tèrent à la crèche, il se dit : « Si demain était le pre­mier Noël, et si Jésus devait être né ce soir dans cette ville, je sais ce que je lui don­ne­rais ! » Il se leva et prit d’une éta­gère deux petites chaus­sures en cuir neige-blanc le plus mou, avec des boucles argen­tées lumi­neuses qu’il venait de finir : « Je lui don­ne­rais cela, mon tra­vail le plus fin. Que sa mère sera heu­reuse ! Mais je suis un vieil homme idiot, pen­­sa-t-il avec un sou­rire. Le Maître n’a aucun besoin de mes pauvres cadeaux. » Remet­tant les mignonnes chaus­sures à leur place, il souf­fla la bou­gie, et alla se repo­ser. Il fer­ma ses yeux, quand il enten­dit une voix qui appe­lait son nom. « Mar­tin ! » Intui­ti­ve­ment, il recon­nut cette voix. « Mar­tin, tu as envie …
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Dans la nuit où s’ouvrent les cœurs

Dans la nuit où s’ouvrent les cœurs
Ils sont deux, Mar­tine et Vincent, petits et tran­sis, seuls entre le bois et la plaine immense, dans la pro­fonde nuit. Leurs yeux grands ouverts sur tout ce noir hos­tile gardent encore l’affreuse vision du châ­teau pater­nel assailli, rava­gé, pillé… Et leur cœur est en eux comme avec une grande déchi­rure béante qui les fait pleu­rer et appe­ler dou­lou­reu­se­ment le papa et la maman que le sire de Mau­roc a emme­nés pri­son­niers… « Papa !… – Maman !… » Ah ! dès que s’apaisa le tumulte de la bataille, durant laquelle ils s’étaient cachés tous les deux der­rière une ten­ture, comme ils les ont cher­chés !… Dans tout le châ­teau désert et rui­né, sinistre comme si la mort y rôdait encore, ils ont appe­lé… crié… Pleu­ré, aus­si ; car dans la chère demeure rava­gée, l’écho de leur propre voix répon­dait seul, lugu­bre­ment, à leurs appels ; et toutes les portes béantes ou enfon­cées ouvraient sur des salles vides, aban­don­nées, gla­cées… Tant qu’une lueur de jour péné­tra par les hautes fenêtres …
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