Les meilleurs récits de Noël
Le Salut des Bêtes
La vieille Séphora habitait le village de Bethléem. Elle vivait d’un troupeau de chèvres et d’un petit champ planté de figuiers. Jeune, elle avait été servante chez un prêtre, en sorte qu’elle était plus instruite des choses religieuses que ne le sont d’ordinaire les personnes de sa condition. Revenue au village, mariée, plusieurs fois mère, elle avait perdu son mari et ses enfants. Et alors, tout en restant secourable aux hommes selon ses moyens, le meilleur de sa tendresse s’était reporté sur les bêtes. Elle apprivoisait des oiseaux et des souris ; elle recueillait les chiens abandonnés et les chats en détresse ; et sa petite maison était pleine de tous ces humbles amis. Elle chérissait les animaux, non seulement parce qu’ils sont innocents, parce qu’ils donnent leur cœur à qui les aime et parce que leur bonne foi est incomparable, mais encore parce qu’un grand besoin de justice était en elle. Elle ne comprenait pas que ceux-là souffrent qui ne peuvent être méchants ni violer une règle …
lire la suite…La dernière visiteuse
C’était à Bethléem à la pointe du jour. L’étoile venait de disparaître, le dernier pèlerin avait quitté l’étable, la Vierge avait bordé la paille, l’Enfant allait dormir enfin. Mais dort-on la nuit de Noël ?… Doucement la porte s’ouvrit, poussée, eût-on dit, par un souffle plus que par une main, et une femme parut sur le seuil, couverte de haillons, si vieille et si ridée que, dans son visage couleur de terre, sa bouche semblait n’être qu’une ride de plus. En la voyant, Marie prit peur, comme si ç’avait été quelque mauvaise fée qui entrait. Heureusement Jésus dormait ! L’âne et le bœuf mâchaient paisiblement leur paille et regardaient s’avancer l’étrangère sans marquer plus d’étonnement que s’ils la connaissaient depuis toujours. La Vierge, elle, ne la quittait pas des yeux. Chacun des pas qu’elle faisait lui semblait long comme des siècles. La vieille continuait d’avancer, et voici maintenant qu’elle était au bord de la crèche. Grâce à Dieu, Jésus dormait toujours. Mais dort-on la nuit de Noël ?… Soudain, il …
lire la suite…La crèche de Nina
Elles s’en vont, Ninon, Ninette, Nina, jupette rouge et bonnet pareil, six petits sabots claquant sur la terre gelée. « Vite, vite, les sœurettes, car le jour baisse, dit Ninette, la plus sage. – Vite, vite, répond Ninon, la plus ardente, car un grand travail nous attend. – Vite, vite, murmure Nina, la plus douce, car Mère a dit qu’on ne s’attarde pas. » Et les six petits sabots martèlent en chœur : « Vite, vite, vite, vite, les petites sœurs. » Mais que c’est donc lourd, tout ce qu’elles portent, les sœurettes !… Et encombrant, donc !… Elles en ont plein les poches, et plein le giron, dans les mains, dans les bras et jusque sous le menton… Il y a du gui, de la mousse, du houx, du lierre, de la paille, du foin et du sapin… À peine voit-on, dans toute cette verdure, trois frimousses rondes et rouges comme des pommes d’api, éclairées de blanches quenottes et de petits yeux de souris… « Elle sera belle, notre crèche… – Et grande, donc… avec un …
lire la suite…Degemer, le chien du mage Balthazar
La rumeur s’est répandue aux quatre coins du monde. Et là, je suis intrigué par mon maître que je trouve de plus en plus agité. En fait, il n’y tient plus depuis qu’il a repéré cette étoile nouvelle, plus grande et plus brillante que les autres. Et le voilà tout impatient de prendre la route pour, d’abord, rejoindre Melchior et Gaspard. Les mages ! Oui mon maître est mage. Je pourrais dire aussi que c’est un grand sage même si dans l’immédiat, je le trouve bizarre. Il me parle d’un nouveau-né qui est fils de Dieu, qu’il va le rejoindre, guidé par l’étoile du berger et qu’il lui offrira ce qu’il a de plus précieux : de la myrrhe. Un nom du pays breton C’est très confus pour moi tout cela. Là, je l’entends projeter d’aller jusqu’à l’enfant né… mais sans moi ! Pourtant, Balthazar, je ne le lâche jamais, je le suis partout, je l’écoute et compatis quand il faut. Je le distrais de mes sauts, …
lire la suite…Une crèche à la page
Qu’en penses-tu, Michel ? – Qu’en dis-tu, Nicolas ? – Parle aussi, toi, Luc… » Parler ?… Souvent, la chose est aisée aux trois garçons. Aujourd’hui, elle leur semble terriblement difficile : ils voudraient exprimer des choses… des choses qui ne sont pas faciles à dire. Alors, ils se taisent ; ils réfléchissent et concluent seulement : « Il faut que ça finisse ! » *** De mémoire d’homme, il y eût des frottements durs entre les Têtembois-de-la-ville et les Têtembois-de-la-terre. Ceux de la ville éclaboussaient les cousins paysans de leurs toilettes et de leur argent, de leur fin parler, de leur confort et de leur mépris pour cette allure de rustauds endimanchés qu’ils promenaient sur les trottoirs de la ville, les jours de marché. Ceux de la terre se moquaient un brin des cousins citadins qui ne distinguaient pas une poule d’un coq, et pour un peu de boue poussaient des cris de pintade effarouchée ; surtout, ils ne leur pardonnaient pas de compter pour abêtissant leur rude labeur, et de les tenir pour rustres, parce qu’ils …
lire la suite…Noël au pays
On est à la Noël. Partout dans la campagne, sur la vaste étendue, les longues routes blanches sont constellées. Entre leur bordure verte de sapins, — ces bouées fleuries, guides du voyageur dans la plaine immense et nivelée par l’hiver, — on les voit courir et se croiser à travers les champs combles. Et c’est comme une procession, ce long cortège de traîneaux venant de toutes parts, s’acheminant tous vers l’église du village. La rosse qui les tire, indifférente au froid comme à la gravité de l’heure, trotte sans hâte, d’un pas égal et rythmé. De ses naseaux l’haleine s’échappe en fumée lumineuse ; mais cette ressemblance lointaine avec les coursiers olympiens, dont les narines flamboyantes lancent des éclairs, en est une bien trompeuse cependant, car, voyez la pauvre bête — par exemple la dernière là-bas, avec cette lourde charge — les ardeurs guerrières sont depuis longtemps mortes en sa vieille charpente. D’un contentement égal elle porte au marché les poches pleines, ou, comme en ce moment, la famille à la messe de …
lire la suite…À la découverte de la liturgie : Prologue
Chapitre I Clac ! Clac ! Les gros sabots de père Pierre et les petits sabots de Colette font une musique d’ensemble sur la route gelée. Les deux amis (car Colette aime beaucoup le père Pierre et le père Pierre aime beaucoup Colette), les deux amis luttent silencieusement contre l’âpre bise du vent d’est. Le chapeau rabattu sur les yeux, le cache-nez tordu autour du cou, le fermier marche sans hâte, de cette allure régulière et paisible du « terrien ». Colette, enfouie dans un grand manteau, la tête serrée par le capuchon, trotte à son habitude, sans souci de l’heure tardive ni de l’ombre que perce à peine la lueur de la lanterne portée par son compagnon. Devant la grille du jardin, qu’on devine à travers la brume glacée de cette soirée de novembre, on s’arrête. — Bonsoir, père Pierre, à demain et merci. — Bonsoir ma petite demoiselle. Demain, y se pourrait ben que ça glisse ! Faudra faire attention à ne pas courir sans y regarder ! Déjà, de son pas posé, le …
lire la suite…Un enfant Jésus inédit !
La charité Dis, maman… il ne sera pas en retard le train ? » Pour la dixième fois depuis une heure Gilberte pose la même question à sa maman ! « Je l’espère, ma chérie », répond Mme Delvart également pour la dixième fois… Jacques, le frère cadet, se montre moins patient ! Et lorsque sa sœur reprend pour la onzième fois son refrain, il lui répond, sans se soucier du respect dû au droit d’aînesse : « Non, il sera en avance ! — Toi, je ne te demande rien, répond la fillette vexée. — Tu nous casses les oreilles avec tes questions idiotes, reprend Jacques en haussant les épaules d’un air dédaigneux. — Allons, calmez-vous mes enfants, interrompt Mme Delvart qui sent que le dialogue va se terminer en bagarre ! Croyez-vous que l’oncle Henri sera content de vous trouver en train de vous disputer ? » L’oncle Henri est en effet le voyageur que l’on attend avec une telle impatience ! Frère de Mme Delvart, il est parti depuis huit ans comme missionnaire au Gabon, quelques jours à peine après la …
lire la suite…Entre le bœuf et l’âne gris
Parmi les fêtes chrétiennes, Noël avait toutes les préférences de saint François (il n’est pas le seul) ! Ce jour, qui nous a donné le Sauveur, ne pouvait à ses yeux apporter assez de joie aux créatures, même à leur corps, ce « Frère Âne » qu’il traitait si mal d’ordinaire. Une année que Noël tombait un vendredi, les frères délibéraient pour savoir si l’on ferait maigre ce jour-là. François proteste : « Ne parlez pas de vendredi ni de maigre un jour pareil, le jour où l’Enfant-Dieu est né. Je voudrais qu’en ce jour les murs mêmes puissent manger de la viande, ou du moins qu’on les frotte de graisse puisqu’ils ne peuvent manger ». Il demandait aux riches de régaler les pauvres en l’honneur de la fête et de donner aux bœufs et aux ânes, compagnons de Jésus dans l’étable, double ration d’avoine et de foin. — « Si je connaissais l’Empereur, disait-il encore, je le supplierais de faire une loi ordonnant de semer du grain …
lire la suite…Les rois mages
À la rencontre des Rois. – La crèche. – C’est demain la fête des Rois Si vous voulez les voir arriver, allez vite à leur rencontre, enfants, et portez-leur quelques présents. Voilà, de notre temps, ce que disaient les mères, la veille du jour des Rois. Et en avant toute la marmaille, les enfants du village ; nous partions enthousiastes à la rencontre des rois Mages, qui venaient à Maillane, avec leurs pages, leurs chameaux et toute leur suite, pour adorer l’Enfant Jésus. – Où allez-vous, enfants ? – Nous allons au-devant des Rois ! Et ainsi , tous ensemble, mioches ébouriffés et petites blondinettes, avec nos calottes et nos petits sabots, nous filions sur le chemin d’Arles, le cœur tressaillant de joie, les yeux remplis de visions. Et nous portions à la main, comme on nous l’avait recommandé, des fouaces pour les Rois, des figues sèches pour les pages et du foin pour les chameaux. Jours croissants, Jours cuisants. C’était au commencement de janvier et la bise soufflait : c’est vous dire qu’il faisait froid. …
lire la suite…Le beau travail du santonnier
Dans la clarté de la lampe, près de la porte ouverte aux parfums du soir, maître Ambroise fume son calumiau, sa courte pipe de terre. Sa grande barbe, ses abondants cheveux gris sous le large feutre lui donnent l’air d’un berger de la montagne. Ses petits yeux bleus étincellent de vie. Mère-grand. — Eh ! bonsoir, maître Ambroise, ces pichoun viennent voir vos Santons. Maitre Ambroise. — Té, voisine, c’est le moment. Avec les grands jours, on va les laisser dormir dans l’armoire. Ce soir, on y travaille encore, mes filles surtout qui ont des doigts de fée car mes vieilles mains deviennent maladroites. Chantal. — Nous aimerions tant savoir comment vous fabriquez ces charmants petits personnages si pleins de vie. Maitre Ambroise. — Ah ! pichot, c’est tout un art, voyez-vous. Il n’y a plus beaucoup de santonniers aujourd’hui, des vrais j’entends. Il s’en trouve bien encore qui vous font des petits bonshommes de terre cuite, barbouillés de rouge, de jaune, de bleu. Mais on ne peut pas appeler ça des Santons ! Eh ! péchère, ça …
lire la suite…Jésus, le petit frère
Un bébé était arrivé pendant la nuit chez les voisins Dupré. Le matin, il était là, tout simplement couché dans le berceau. Il avait un mignon petit nez et des doigts si minuscules qu’il pouvait en porter plusieurs à la fois à la bouche. Le bébé dormait et ne s’occupait nullement des gens qui l’entouraient. Ce n’était au fond pas bien poli ; et, les six enfants Dupré avaient l’air bien déçus. Ils auraient tant voulu saluer leur petit frère. Papa leur expliqua qu’il ne fallait pas prendre cela comme une offense, que le petit enfant, ayant eu un long chemin à parcourir pour leur arriver, était fatigué, et que maintenant il voulait dormir. Chacun fut satisfait de cette explication ; même, les enfants se mirent à parler tout bas pour ne pas empêcher le nouveau frère de dormir. Quand la nurse arriva et commanda à toute la petite compagnie de sortir, elle obéit sagement et se retira aussitôt, dans la chambre de famille, où, naturellement, …
lire la suite…Le plus beau cadeau
Jean-Pierre, le fils du docteur, s’était réjoui depuis longtemps pour la rentrée des classes après les vacances de Noël. Il aimait pourtant bien les vacances, surtout en hiver, quand il y a de la neige et qu’on peut faire du ski ou aller en luge. Ce premier jour de classe avait son importance, car chaque premier communiant devait tirer au sort son compagnon de première communion. Jean-Pierre, à ce sujet, a un désir secret : « Si seulement le sort tombe sur Albert Clément. C’est le fils d’un riche fabricant, il a de si beaux jouets. Nous irions très bien ensemble : moi, le fils du docteur, et Albert, toujours si bien habillé ». * * * Le Bon Dieu connaissait ce désir secret, puisqu’il sait tout ! Et pourtant — il ne l’a pas exaucé, car ce désir n’était pas tout à fait bon. Ainsi, quand on eut fini de tirer au sort, ce n’était pas Albert qui se trouvait à côté de Jean-Pierre, mais le petit Charles, le plus pauvre …
lire la suite…Le petit chat…
L’Espérance Avant-hier, un jeune scout est venu à la crèche de Sainte-Odile, avec sa mère, au sortir de la classe. L’église est presque déserte… L’enfant arrive le premier, regarde, et, subitement, sur la pointe des pieds, retourne vers sa maman : « Vite… Viens voir ! » Et la maman aperçoit ceci : un amour de petit chat, tout pelotonné sur lui-même, dort dans la paille, sa tête appuyée sur celle de l’Enfant-Jésus ! Il dort d’un sommeil profond, confiant, comme s’il avait trouvé le havre suprême de la paix ! La scène est si charmante que le scout et sa mère restent là, silencieux, dans une sorte de contemplation… Puis le vicaire arrive… et quelques autres personnes. On leur fait signe de marcher doucement… très doucement… pour – c’est le cas de le dire – ne pas réveiller le chat qui dort ! Il n’est pas gras, le pauvre matou ! C’est probablement un de ces malheureux qu’on vient jeter sur le terrain vague de la zone et qui meurent souvent de faim, de froid …
lire la suite…Un vol à la crèche
L’envie Le long de la grande allée, bordée d’eucalyptus, s’avance un gamin aux yeux ronds et vifs, aux cheveux laineux et frisés… C’est Yoséfou, un gracieux négrillon que sa démarche nerveuse et saccadée a fait surnommer Guigué, ce qui veut dire, dans la langue de sa tribu : la sauterelle. À l’autre bout de l’allée apparaît une forme blanche, c’est Sœur Claire. Pour se garantir contre les ardeurs d’un soleil implacable elle porte sur son voile un grand casque doublé de vert. « Où vas-tu, Yoséfou ? » demande-t-elle à la Sauterelle. « Je vais à l’église saluer Mwana-Jésus », le Petit Jésus, répond la Sauterelle. « Très bien, dit Sœur Claire ; salue-le aussi de ma part ! » Arrivé à l’église le jeune négrillon se prosterne devant le tabernacle puis, d’un brusque mouvement de jarret, se redresse comme s’il avait des ressorts dans les jambes. C’est la génuflexion habituelle de la Sauterelle ! Aussitôt après, il se dirige vers la crèche. Le voici en face de Mwana-Jésus ! Ses yeux ronds et blancs brillent de …
lire la suite…Un soir de Noël : Moncada, en Espagne 1392
C’était le soir de Noël. L’horloge du clocher venait de sonner 23 heures. Peu après, les cloches appelaient les fidèles. Le vent froid de la nuit renvoyait la joyeuse invitation à la messe, minuit à travers les ruelles du village de Moncada, par-delà les rizières et les orangeraies au loin jusqu’à la ville de Valences. Quittant, les riches, leurs châteaux et les pauvres, leurs chaumières, ces Espagnols habitués au soleil sous la bise glacée se mire en route. Rien au monde n’aurait pu les chasser de leurs logis douillets ; mais par amour de l’Enfant-Jésus, ils marchaient sans hésitation, frissonnants dans le noir. Même de petits enfants, force de volonté, bien emmitouflés dans leurs lainages, marchaient un peu somnolents, mais avec d’autant plus de mérite côté des parents, vers l’église. Voici déjà que dans le premier banc s’agenouillait une jolie petite paysanne de cinq ans, avec sa maman. Toute animée du désir d’admirer l’Enfant-Jésus avec Marie, Joseph, les anges, crèche, les bergers, …
lire la suite…La bûche de Noël
En ce temps-là, la France s’appelait la Gaule, et la Gaule était couverte de forêts. Et il y avait, au plus profond de la grande forêt, un bûcheron qui vivait tout seul dans une hutte. Il s’appelait Carnutorix. Il aimait les grands arbres de la forêt. Il les connaissait, et donnait des noms aux plus beaux. Lorsqu’il en abattait un, cela lui faisait beaucoup de peine. Et pourtant, il fallait bien puisque c’était son métier… Près de sa hutte, se trouvait un vieux chêne tout tordu, au tronc énorme. Il y avait des touffes de gui dans les branches. C’est rare, le gui du chêne. Tous les ans, les druides venaient le couper avec une faucille d’or, et ils offraient des sacrifices au génie du tonnerre. Carnutorix avait un peu peur des druides au mystérieux pouvoir : quand il les voyait venir, il se cachait. C’était une sorte de sauvage. Carnutorix avait une sorte de couteau tranchant qu’un guerrier avait perdu en traversant la forêt. Il …
lire la suite…La pastorale de Galagu
Dans une maison, vieille maison offerte à tous les vents, restait il y a bien longtemps une vieille, vieille femme qu’on appelait la mamet Jaumette. La vie n’avait guère épargné la vieille, et elle n’avait plus de famille qu’un petit-fils. Et encore : l’enfant qui s’appelait Olivier était si petit, si maigre, si pâle, que le voyant chacun retenait sa respiration de crainte de le voir s’affaisser comme un château de cartes. La vieille avait en charge la bergerie du château de la Baume qui se trouvait tout à côté de la maison, vieille maison offerte à tous les vents. Un jour un médecin passant par là, vit l’enfant si petit, si maigre, si pâle. Il dit à la vieille femme qu’elle devrait mieux le conduire à l’hôpital. Au regard qu’échangèrent la mamet Jaumette et son petit-fils, il sut que rien ne pourrait séparer ces deux-là. Alors il proposa à la vieille de faire coucher l’enfant dans la bergerie, et non dans la …
lire la suite…Le vieux cordonnier
Un soir de noël, un vieux cordonnier se reposa dans son petit magasin en lisant : « La visite des hommes sages à l’Enfant Jésus. » À la lecture des cadeaux que les bergers et les rois mages apportèrent à la crèche, il se dit : « Si demain était le premier Noël, et si Jésus devait être né ce soir dans cette ville, je sais ce que je lui donnerais ! » Il se leva et prit d’une étagère deux petites chaussures en cuir neige-blanc le plus mou, avec des boucles argentées lumineuses qu’il venait de finir : « Je lui donnerais cela, mon travail le plus fin. Que sa mère sera heureuse ! Mais je suis un vieil homme idiot, pensa-t-il avec un sourire. Le Maître n’a aucun besoin de mes pauvres cadeaux. » Remettant les mignonnes chaussures à leur place, il souffla la bougie, et alla se reposer. Il ferma ses yeux, quand il entendit une voix qui appelait son nom. « Martin ! » Intuitivement, il reconnut cette voix. « Martin, tu as envie …
lire la suite…Dans la nuit où s’ouvrent les cœurs
Ils sont deux, Martine et Vincent, petits et transis, seuls entre le bois et la plaine immense, dans la profonde nuit. Leurs yeux grands ouverts sur tout ce noir hostile gardent encore l’affreuse vision du château paternel assailli, ravagé, pillé… Et leur cœur est en eux comme avec une grande déchirure béante qui les fait pleurer et appeler douloureusement le papa et la maman que le sire de Mauroc a emmenés prisonniers… « Papa !… – Maman !… » Ah ! dès que s’apaisa le tumulte de la bataille, durant laquelle ils s’étaient cachés tous les deux derrière une tenture, comme ils les ont cherchés !… Dans tout le château désert et ruiné, sinistre comme si la mort y rôdait encore, ils ont appelé… crié… Pleuré, aussi ; car dans la chère demeure ravagée, l’écho de leur propre voix répondait seul, lugubrement, à leurs appels ; et toutes les portes béantes ou enfoncées ouvraient sur des salles vides, abandonnées, glacées… Tant qu’une lueur de jour pénétra par les hautes fenêtres …
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