Anne de Guigné.

| Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 8 minutes

Sacrifice pour se préparer à la communion - Anne de GuignéOh ! le beau modèle eucha­ris­tique ! comme elle a bien su se sanc­ti­fier par la , cette enfant bénie ! La COMMUNION était pour cet Ange de pure­té un fes­tin de joie. A tous ceux qui la consi­dé­raient, elle appa­rais­sait alors trans­fi­gu­rée : « On eût dit, déclare un témoin, un osten­soir vivant qui s’a­van­çait tout rayon­nant d’a­mour. » Ceux qui ont vu cette vir­gi­nale enfant reve­nir de la Sainte Table, ne l’ou­blie­ront jamais, plu­sieurs affirment que son visage pre­nait alors un éclat extra­or­di­naire. Jésus trans­pa­rais­sait en son petit lis écla­tant de pure­té. Tout cela, c’é­tait la récom­pense mer­veilleuse de sa géné­ro­si­té, de sa pré­pa­ra­tion tou­jours fer­vente à la sainte Communion.

Quand le moment en appro­chait, rien ne pou­vait la sor­tir de son recueille­ment. Un jour, la mati­née était splen­dide et chaque brin d’herbe comme ser­ti de dia­mants, la lumière s’ac­cro­chant à chaque goutte de rosée, Les hiron­delles ali­gnées sur les fils du télé­graphe gazouillaient, tout était enchan­te­ment, et son frère, émer­veillé, tra­dui­sait son admi­ra­tion en cris enthou­siastes et en bonds joyeux : « Jojo, fit Anne, en met­tant un doigt sur ses lèvres, il faut pen­ser à ta Com­mu­nion. » Au retour de la Messe, les enfants par­laient des hiron­delles et de tout ce qui les avait ravis : « Maman, moi aus­si, dit Anne avec can­deur, j’a­vais bien envie de dire mon admi­ra­tion comme Jojo, mais j’ai fait un au petit Jésus pour mieux le rece­voir. » Sou­vent elle redi­sait : Petit Jésus, mon doux Sau­veur, gar­dez mon cœur tou­jours à vous ! Ou bien, au milieu de ses jeux les plus entraî­nants, elle s’ar­rê­tait et avec une gra­vi­té douce : « Jojo, disait-elle, si nous allions faire une petite prière pour nous pré­pa­rer à la Com­mu­nion de demain ? »

Elle a pra­ti­qué avec une per­fec­tion rare la devise du Croi­sé : Se vaincre pour com­mu­nier et com­mu­nier pour se vaincre.

L’o­béis­sance est la sain­te­té des enfants, avait dit le Père pré­di­ca­teur de sa retraite de Pre­mière Com­mu­nion faite à six ans. Aus­si avait-elle pris alors la réso­lu­tion d’être très obéis­sante. Et elle le devint tel­le­ment que son ins­ti­tu­trice a pu écrire : « Jamais, quand on lui disait de faire une chose, elle n’en deman­dait la rai­son, elle obéis­sait promp­te­ment et tou­jours joyeu­se­ment. » Per­sonne ne se sou­vient, lit-on dans sa Vie, par le P. Lajeu­nie, de l’a­voir vue une seule fois hési­ter quand l’o­béis­sance com­man­dait ; on ne l’en­ten­dait jamais ni mur­mu­rer, ni raisonner.

Cette grande ver­tu ne lui était pas natu­relle. Les Saints ne naissent pas saints, ils le deviennent parce qu’ils se sont cor­ri­gés de leurs défauts. Anne, à deux ou trois ans, était un bébé volon­taire et dif­fi­cile. C’est par amour pour Jésus qu’elle devint si ver­tueuse. Toute petite, elle aimait à com­man­der, à domi­ner ; par ver­tu, ensuite, elle ne cher­chait plus qu’à être oubliée. Douce, humble, effa­cée, elle met­tait en pra­tique la grande leçon de Jésus : Appre­nez de moi à être doux et humble de cœur. Au com­men­ce­ment, quand ses frères et sœurs la contra­riaient, l’a­ga­çaient, elle se retour­nait vers son ins­ti­tu­trice en s’é­criant : « Oh ! que j’ai envie de me fâcher ! » Mais elle se domi­nait, et quand elle eut bien lut­té pour acqué­rir la dou­ceur, elle n’a­vait même plus envie de se fâcher. Deve­nue une vraie petite maman pour ses frères et sœurs, elle les conso­lait, les fai­sait tra­vailler, les amu­sait, leur cédant tou­jours, pas­sant des heures entières à faire « le che­val » du petit Jacques, ce qui la fati­guait et ce qu’elle détes­tait. Elle le fai­sait aima­ble­ment, sans se plaindre.

Comme sainte Thé­rèse de l’En­fant-Jésus qu’elle aimait tant, jamais cette admi­rable enfant ne ren­con­trait une fleur de sacri­fice dans sa jour­née sans la cueillir pour son Bien-Aimé Jésus. On ne la vit jamais refu­ser un sacri­fice, lit-on dans sa Vie. « On a bien des joies sur la terre, écri­vait-elle, mais elles ne durent pas ; celle qui dure, c’est d’a­voir fait un sacri­fice. » Demande-lui un peu de sa géné­ro­si­té, si tu veux goû­ter son bon­heur dans la Communion.

Anne dans la cour pour jouer avec son frère et sa soeur

Les actes d’a­mour de cette petite âme si eucha­ris­tique étaient très fré­quents. On la voyait s’ar­rê­ter dans ses jeux pour s’é­crier : Bon Jésus, je vous aime ! Sou­vent on la sur­pre­nait les yeux levés au ciel, un moment silen­cieuse, puis elle repre­nait avec grâce ses devoirs ou ses jeux après son acte d’a­mour. Un jour, on la trou­va age­nouillée sur une marche de l’es­ca­lier : Je remer­cie le bon Jésus de ce qu’il veut bien venir dans mon cœur, répon­dit-elle avec une ten­dresse dans la voix à une inter­ro­ga­tion sur ce qu’elle fai­sait là. Elle aimait à des­si­ner des images avec un calice et une hos­tie rayon­nante, en écri­vant au bas : O Jésus, dans la petite Hos­tie, comme je vous aime. — « Je veux, disait-elle sou­vent, que Jésus vive et gran­disse en moi… Je veux que, pour mon Jésus, mon cœur soit pur comme un lis. — La vie de la grâce, écri­vait-elle un jour, est très pré­cieuse, et sa nour­ri­ture, qui est Jésus-Christ, est tel­le­ment belle qu’il faut la dési­rer de tout son cœur !

Pen­dant le Saint Sacri­fice, son recueille­ment était émou­vant, écrit le P. Lajeu­nie à qui nous emprun­tons les traits de sa Vie. Elle aimait tant la Messe ! « Et puis, voyez-vous, c’est une Com­mu­nion de plus ! » disait-elle à une amie de sa mère qui l’y avait emme­née : elle avait trop faim de son Jésus pour jamais assis­ter à la Messe sans y communier…

Phrase d'Anne de Guigné : Je veux que pour Jesus mon ceour soit pur comme un lisLa vie simple de l’En­fant-Jésus fut la plus sainte des vies. Met­tant ses petits pas dans ceux de son Sau­veur, Anne s’ap­pli­qua de toutes ses forces à l’i­mi­ter. Son grand secret de sain­te­té fut d’être fidèle dans les petites choses sans jamais se relâ­cher. Elle avait com­pris qu’il ne suf­fit pas d’é­vi­ter les fautes, mais qu’il faut avan­cer. Son idéal constant était : Faire chaque chose le mieux pos­sible. Toutes ses actions étaient mar­quées du cachet de l’Of­frande d’a­mour par un mon Jésus, je vous l’offre qui reve­nait sans cesse. Elle ensei­gnait à ses petites amies à faire de même : « Quand tu n’as pas le cou­rage de tra­vailler, quand le tra­vail t’est dur, disait la Petite Apôtre à l’une d’elles qui se plai­gnait, pense à l’of­frir au Bon Dieu, Il faut tout lui offrir, rien ne coûte quand on L’aime. Notre tra­vail, c’est un cadeau qu’on fait au bon Jésus. »

Offrant tout, elle fai­sait tout bien : « Je n’ou­blie­rai jamais, écri­vait son ins­ti­tu­trice, ce simple geste du signe de la croix que je lui vis faire si sou­vent avec une convic­tion si pro­fonde. Elle eut une joie très vive quand elle apprit qu’aux grandes Croi­sades, les Croi­sés se recon­nais­saient à leur signe de croix. » Que ce serait beau si les Croi­sés de l’Eu­cha­ris­tie pou­vaient aus­si, d’une ville à l’autre, se recon­naître à la pié­té de leurs signes de croix (quand ils n’ont pas leur insigne qu’ils devraient tou­jours porter !)

« Pour copier mon modèle l’En­fant-Jésus, écri­vait-elle, je veux, à la fin de la jour­née, comp­ter des vic­toires. » Et, géné­reuse comme elle l’é­tait, elle en comp­tait, elle en comp­tait ! Étant toute petite, elle accom­pa­gnait chaque renon­ce­ment de ce mot : « Je fais mon sacri­fice. » En gran­dis­sant en amour, au contraire, elle s’ap­pli­qua à cacher ses constantes mortifications.

Pen­dant sa Pas­sion, Jésus se tai­sait, nous dit l’É­van­gile, il ne répon­dait rien à ses accu­sa­teurs. Anne l’i­mi­tait jusque-là. Une per­sonne l’ayant un jour accu­sée d’un léger men­songe, elle, qui ne men­tait jamais et qui avait hor­reur de ce péché, rou­git et se tut, gar­dant sa souf­france et sa confu­sion sans se justifier.

Sa plus intime amie a tra­cé d’elle, en quelques mots, le plus beau des por­traits : « Elle était pure comme un Ange et on ne pou­vait la regar­der sans deve­nir meilleure et sans pen­ser à Dieu. » Enfin, elle a su si bien sanc­ti­fier sa vie d’en­fant, qu’on tra­vaille à sa béa­ti­fi­ca­tion[1].

La Petite sainte Anne de Guigné, un modèle pour les enfants

  1. [1] Anne de Gui­gné fut décla­rée véné­rable le

Un commentaire

  1. Lucien Sidler a dit :

    Bon­jour tout le monde,
    Je ne suis pas Chré­tien pour­tant cette petite fille me bou­le­verse et je com­prends main­te­nant le miracle que consti­tue la vie exem­plaire d’une reli­gieuse, dans le même temps je suis révol­té de sa dis­pa­ri­tion comme si sa foi devait pro­fi­ter dans un autre monde et non de sa propre vie charnelle.
    Le Bon Dieu n’est pas gen­til qui l’a rap­pe­lé à ses côtés beau­coup trop tôt.

    26 avril 2018
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